Be like me and Mister T!
Mister T travaillait là bas lui aussi. A l'épôque j'étais en sur-investissement. J'arrivais donc dans mon bureau entre 06H30 et 07H30 assez réguliérement, déjà fatigué avant d'avoir commencé , haletant, pressé. Je profitais de ces moments de silence, de calme pour écrire, préparer mon travail de la journée, planifier quelques tâches.
L'heure
et le calme était propices à la productivité, ma sur-excitation et mon
épuisement pas vraiment. J'étais dans le sentiment d'urgence,
l'agitation, ce qui donne certes de l'énergie mais interdit finalement
toute précision. Vous avez déjà imaginé achever un puzzle tout en
courant?
Je profitais du silence...interrompu
par les cris de Mister T. A cette période là il était chargé du
nettoyage de la cour je crois et je l'entendais bien, bien, bien.
La
premiére fois qu'il a massacré mon silence j'ai sursauté sans
comprendre, une fois, deux fois puis j'ai compris ... j'entendais
distinctement crier " Allez l'ohéééémmmeeeeeeeeuuuuu!" entre deux
chansons de supporters marseillais. Il les interprétait seul en
poussant son chariot dans la cour. C'était son bien être à lui sans répondant
sans échos. Chaque matin, chaque matin pendant un an je crois. Rituel...
Je
me
souviendrais aussi toujours d'un moment où il devait passer par une
porte à
double battants avec son petit chariot et sa tête un peu penchée. Un
seul des deux côtés de la porte était ouvert, le chariot visiblement
trop large.Il avance...Bing! Il recule, avance...bing! C'était comme
une partie de flipper humaine ou un sketch monumental si le second
degré s'y était ajouté.
Ca a dû duré trois minutes et je vous assure que c'est long trois minutes à regarder quelqu'un ne sachant pas mettre les ronds dans les ronds et les carrés dans les carrés. Plusieurs minutes sans qu'il n'essaie à aucun moment d'ouvrir la porte en grand. Il a juste fini par renoncer et se diriger vers une autre dont les deux battants étaient écartés. Fascinant...
Mais là bas les ronds et les carrés ce n'était pas notre truc...Je vous l'assure, je me connais trés mal trés bien.