Le Roi et moi
Ce matin c'était bien être , sept
heures de sommeil, un peu plus peut être même et ça faisait une
éternité que cela ne m'était pas arrivé. Bien être, du mal à décoller.
J'y suis bien dans mon nid douillet, l'odeur d'encens ne s'est pas
échappé et c'est moi qui doit décoller. J'arriverais à tout faire ce
matin, même manger, porter des vêtements agréables. J'arrive au boulot dans les temps même
si depuis quelques semaines j'arrive aprés mes surveillants, ce que je
m'étais toujours refusé à faire "avant".
Journée bizarre, comme
un dimanche, jour de travail suivant un jour férié, cent cinquante
gamins absents, tranquillement absents. J'y suis, j'y suis resté, un
sourire toute la journée. Une gamine dira de moi que j'ai un cahier de
blagues. Je n'en ai que de mauvaises, c'est vrai et pourtant à chaque
fois que la croise elle attend avec un sourire complice celle qui
viendra.
Je l'ai faite passée avant l'heure à la cantine, suis je corrompu?
Des
correspondants allemands sont là pour une semaine, des correspondantes
aussi dont quelques gamines un peu maquillées, un peu découvertes, une
jolie blonde attire la convoitise... Vingt gamins bavent tout autour
d'elle, la regarde comme si elle était une bête curieuse, veulent la
photographier...la classe française. Les enfants...on s'achéte un
cerveau? Les hommes sont lourds le temps de leurs érections possibles:
ça commence tôt et finit tard.
Tic-tac, le temps passe
doucement...Une mére m'appelle pour se plaindre que l'une de mes collégues,
qu'elle a eu au téléphone, lui "a mal parlé", désarmant... Cette dame là
me hurle toujours dessus quand je l'ai au bout du fil, pas méchamment
mais parce que son fils la fait craquer, pas facile d'être
parent...définitivement.
Petite ballade post boulot aprés une
pause internétique. les chats m'ennuient sur le net, tout le monde semble se
répéter "j'ai envie de baiser" ou devoir dire "je suis génial". Ca manque tellement de profondeur, c'est
un comble n'est ce pas?
Dehors il fait beau, les gens marchent
lentement, les filles ont sortis leurs vêtements à ventres qui
dépassent plus ou moins avantageusement et les hommes leurs tenues à
bras dehors. "La tentation de Saint Antoine " n'est pas arrivée chez le
libraire. Je résiste à quelques autres livres qui clignent des yeux
quand je passe comme ces prostituées dans la rue à qui je voudrais dire "j'ai mal pour toi ma soeur", je suis héroïque.
Dans le square à côté les
blacks habituels avec des minettes conquises, tous défoncés bien sur, des
biéres et leurs enfants au milieu de la décrépitude, parmi ceux là je ne sais pas pourquoi mais je
sens qu'aucun ne sera ingénieur.
Je rentre dans la cour, le buste du Roi semble me regarder, dis moi bon roi qu'est ce que tu en penses toi?
"..le Roi, le Roi de quoi? Le Roi d'un pays qui n'existe pas..."