La classe aux quatres pieds gauches
"Partir sans dire adieu". Une chanson
de LSD qui parle à un mort par volonté, comme cette lettre qui a trainé
un an sur mon pc et disait le pourquoi de mon départ. Je l'avais rédigée en janvier ou février en vue d'un
été qui devait être le dernier. Puis l'eau a coulé, les rivières se
sont asséchées, la neige est arrivée. Un an plus tard je suis toujours
là sans plus y penser jamais.
Le geste me ressemble peut être
pour son romantisme possible, par son côté absolu, par l'impossibilité à entrer dans la vie
qu'il traduit. Le geste me ressemble trés peu car il me manque la même
force qui en demi fond m'empêchait de me dépasser totalement, d'aller
au bout du bout quand le souffle est court. Le geste ne me ressemble plus car j'ai envie d'entrer
dans cette vie, de l'embrasser, d'y vivre mes rêves au lieu de la
regarder, perché sur une branche séche. Je ne vois plus mon corps qui
explose au passage d'un train, je ne m'endors plus en pensées dans une
clairiére isolée, je ne vois plus mon corps tomber de si haut et
tournoyer.
"Partir sans dire adieu" ou plutôt ne pas partir sans
dire adieu, c'est un passage de mon petit mot d'invitation au pot de
départ auquel je convie quelques collègues. J'en avais envie et pas
envie, au lieu de partir en vilain malheureux enveloppé sous une toge
noire d'incompréhension je vais m'envoler sur des sourires. J'en ai reçu de jolies
attentions d'ailleurs ces jours ci, une belle lettre d'un parent
d'élève me remerciant de "la sincérité de mes propos et du mot juste au
bon moment", des chocolats et quelques regrets exprimés.
J'aurai
vécu l'enfer içi, du harcélement, du mépris, de la grossièreté, des
tensions, le fait de côtoyer celle que j'ai aimé comme si ma vie en
dépendait et qui en fait est une étrangére qui vit tout tranquillement, comme si de rien n'était,
avec mon ex ami le plus proche. Un vrai cauchemard...
Hier
soir
je suis allé à une soirée où elle était alors que je les boycottais
auparavant ces soirées là. Souffrant trop de sa présence pour ne pas me
priver à regret de la compagnie de personnes que j'estime. Je suis peu
resté car
elle m'agaçait, elle occupait tout l'espace pour sur jouer, parler
d'elle, d'elle et d'elle. Le fait d'entendre parler de cet appartement
où elle vit et où j'ai passé des jours et des jours me paraissait
tellement médiocre. Je suis parti bien vite,sans elle je serais resté mais avant avec elle je ne serais pas venu. Je suis parti tout calmement en me disant que ça irait pour aujourd'hui.
J'ai marché au début de la
nuit, serein de constater que je n'étais pas triste, pas en colére ni
en souffrance, juste désintéressé par ce que j'avais à entendre.
Sur le trajet un type a l'air patibulaire
essaie de réparer une voiture télécommandée encadré de deux gamins dont
un petit black qui me sourie en me regardant fixement. Je les dépasse
et j'entends hurler. Le type me hèle,je me retourne en me demandant
quelle crise il me pique. Cela présage l'embrouille stérile du type
"pourquoi tu me regardes ?". Il me fixe avec sa tête de méchantset ses
sourcils froncés pour me demander tout gentiment si "je sais démarrer
ça" car il l'a acheté et "ne sait même pas la démarrer".
Je
ris intérieurement, les objets, la mécanique, tout cela m'est étranger,
j'ai quatre pieds gauches mon ami rouquin. Je ris car ce devrait
pouvoir se lire sur mon visage "je n'ai pas le permis de conduire" ou encore "les notices d'utilisation me torturent".
Je
poursuis mon chemin de la nuit, une rue , une riviére, je remonte une
autre rue à pic ou des étudiants rient. Je croise une jeune femme vétue
de blanc qui redoute tant les regards masculins que je passe dix métres
à fixer la direction opposée.
Je
ne sais pas démarrer les voitures, je ne sais pas me jeter sous les
rails, je n'ai pas sû me construire une vie dorée sur mes blessures et
mes grandiloquences mais... Je ne sais pas tout ça mais je ne vais pas partir
sans dire adieu. Je sais rédiger des cartons d'invitation ridicules,
faire sourire des princesses et parfois transformer les larmes en rire,
adoucir la peine ça vaut bien de changer un pneu non?
De
tout
mes invités de ce pot d'adieu je crois que j'en reverrai bien peu mais
je vais partir en disant "je vous aime". Je vais partir en disant
merçi. Je vais partir en soulignant le beau qu'il y a eu pendant ces
quatres années là à défaut d'avoir su lui donner la place d'honneur au
quotidien.Je vais partir en m'appuyant sur ce qu'on a fait de bien et
partagé de vibrant.
Partir la tête haute et le coeur qui aime c'est classe non?