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Le lapin de troie
1 novembre 2006

l'homme à la main brulée

calais2

Mamadou était un géant doux dans une classe de gamins agités. Assis en face de moi dans mon bureau il était encore immense, par sa carrure, sa voix posée et des propos lucides, d'adultes, même pour compenser un énervement d'enfant à l'égard de son prof de maths. Il était de ces jeunes là qui ont parfois l'air de vieux sages aprés des années tourmentées. Il avait fait baucoup de chemin vers la maturité après une période agitée, dure, riche en problémes, que je n'ai pas connue.

Ce jour là c'est en entendant des hurlements de souffrance que je suis sorti du bureau du proviseur où nous étions en réunion, un de ces moments assomants où l'on se sent captif alors que le temps s'écoule lentement et...perdu.

Hurlements de souffrance face à un surveillant qui essayait de le canaliser, il empoignait de celle restée intacte une main atrocement abimée dont la peau noire pendait laissant la chair voir la chair rose à vif.

Quelques minutes plus tôt il vidait le réservoir d'une voiture, l'essence lui coulant sur le bras. A l'atelier il y avait toujours un prof pour 8 ou 10 élèves, c'est beaucoup dix? Parmi ceux qui l'entouraient l'un aurait prétendu que c'était de la "vieille essence" et qu'elle ne brulait pas. Celui là aurait été un jeune adulte incorporé au groupe de lycéens mais avec un autre statut. L'on vantait parfois la maturité qu'ils pouvaient apporter à "nos élèves".

Si ce qu'on m'a dit est vrai le jeune homme mature a tranquillement pris son briquet pour vérifier la vétusté de l'essence, transformant la main de mamadou en torche d'un seul coup. Hurlements, les professeurs présents l'ont repoussé et laissé, seul,traverser le lycée pour chercher de l'aide...ailleurs.

Nous sommes deux à être allé le voir à l'hôpital, deux et seulement deux. Hélas il était en soins ce jour là. Il a essayé de revenir en cours, un gant noir masquant sa main sauvée. C'était trop, trop lui demander que d'être face à ceux qui l'avaient laissé dans cet état là. Les études se seront arrêtées ce jour là pour lui.

Il y eu un note de service rappellant à la plus grande vigileance , le proviseur m'expliquant qu'on ne peut pas "tout laisser faire à nos élèves car on a vraiment des imbéciles" ou quelque chose d'approchant. "L'imbécile" , dans sa bouche vulgaire, était ce gosse encore alors à l'hôpital. c'était ce gamin revenu de loin, voulant avoir un diplôme et capable de s'exprimer comme un adulte.

Il aurait fallu qu'il brûle ce lieu là, sans morts ni blessés mais parce qu'il n'était rien et moins que rien: mépris et violences.

Bien sur tout ceci ne doit être que fiction, ça ne peut exister tout celà. Il n'y a pas de systéme à deux vitesses l'enseignement est le même pour tous et l'éducation nationale un havre de paix. Cette vie est juste un songe où l'on croise parfois un doux géant ganté de noir.

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